Henry Frugès (1879-1974), industriel du sucre, propriétaire de quatre usines à Bordeaux confie à Le Corbusier (1887-1965) et Pierre Jeanneret (1896-1967) la réalisation d'une cité ouvrière populaire à Pessac. La cité porte le nom du commanditaire et du financier de l'opération immobilière: l'industriel Frugès. Pourquoi Frugès a-t-il confié ce travail à un architecte inconnu et sans diplôme? Henry Frugès est alors un patron atypique; amateur d'art, il désire offrir à ses employés des habitations confortables et modernes. Enthousiasmé par un article pulié en 1923 dans la revue L'Esprit nouveau signé Charles-Edouard Jeanneret dit Le Corbusier, il fit appel à celui-ci. Le Corbusier est un architecte d'avant-garde qui veut créer une nouvelle architecture, une architecture moderne. Passionné par les nouveautés de son époque, l'automobile, l'aviation, le travail à la chaîne, Le Corbusier comprend que l'architecture doit être appréhendée de façon industrielle et non plus artisanale. Selon lui, l'alliance entre les moyens modernes de l'industrie, des techniques (la fabrication en série grâce au travail à la chaîne, le béton) et une architecture moderne devrait permettre de résoudre la crise du logement au lendemain de la Première Guerre mondiale. Frugès et Le Corbusier menèrent deux programmes immobiliers: 1923- 1924: une cité ouvrière associée à l'une des scieries de Frugès à Lège- Cap Ferret 1924- 1926: un projet plus important: les "quartiers modernes Frugès" à Pessac, dans la banlieue de Bordeaux. La cherté de l'opération immobilière accéléra la faillite de l'industriel Frugès.